Faut-il parler des différences hommes-femmes ?

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08/03/2017

Mon billet dans le Huffington Post à l'occasion d'une récente Journée de la Femme. Toujours d'actualité!

PSYCHO – Une étude intéressante réalisée dans un contexte professionnel sur un large échantillon de plus de 13.000 personnes par le Resilience Institute a pris le temps d’analyser séparément les résultats des femmes et des hommes et confirme que celles-ci souffrent davantage que les hommes de symptômes de stress (2 fois plus) et d’un manque de confiance en soi (10% des femmes contre 6% des hommes). 

Le concept de résilience est un bon point de départ pour une réflexion sur les forces et faiblesses des femmes. En effet, au delà de la notion de résilience telle qu’elle a été décrite et popularisée par Boris Cyrulnik en France, le terme de résilience fait plus largement référence dans la communauté scientifique à la capacité à faire face au stress et à rebondir face à l’adversité et ce dans tous les domaines de la vie, personnelle comme professionnelle.

Ces dernières années, des travaux de plus en plus nombreux mettent en avant des résultats qui permettent de mieux comprendre les différences hommes-femmes. 

Cela n’a pas toujours été le cas. Pour ce qui touche au stress par exemple, les études menées jusqu’aux années 90 ne comportaient que des sujets masculins et les résultats en étaient simplement extrapolés aux femmes. En médecine également, on a longtemps pensé que ce qui était valable pour les hommes l’était pour les femmes. Grossière erreur.

On sait maintenant, aussi bien en médecine qu’en psychologie, qu’il est important voire vital de se pencher sur les spécificités féminines. Que la façon de réagir à l’alcool, aux médicaments, que les symptômes d’infarctus par exemple sont différents chez les hommes et chez les femmes. Au point qu’une discipline nouvelle a été créée, dont le nom même est difficile à traduire en français : la « Gender Medecine », la médecine du genre. Après le succès de la théorie du genre en France, cette médecine du genre risque d’avoir bien du mal à se développer chez nous.

Il n’en demeure pas moins que pour ce qui touche à la psychologie, dans le monde du travail, on voit apparaître des travaux sur la discrimination des femmes, sur les difficultés qu’ont les femmes elles-mêmes à s’imposer, sur les conséquences délétères d’une implication professionnelle majeure combinée au poids toujours largement supérieur des tâches quotidiennes (tâches ménagères, temps consacré aux enfants ou aux parents âgés) assumées par les femmes.

Dans le même temps, les femmes possèdent, a-t-on vraiment besoin de le redire, des forces puissantes, qui leur permettent d’avancer. Empathie, intelligence émotionnelle, sens du “care”, en bref, des compétences et des valeurs qui font de celles qui réussissent des leaders hors pairs.

En France, on a pourtant tendance à prendre le contre-pied des positions féministes nord-américaines revendicatrices pour se perdre dans un “universalisme abstrait” qui dilue, comme le dit bien Sylviane Agacinski, le sexe dans l’individualité.

Alors, faut-il vraiment continuer à parler des différences hommes-femmes? Oui, bien sûr! C’est en reconnaissant les différences biologiques et psychologiques qui s’expriment et sont vécues par les femmes au quotidien dans tous les contextes, à l’école, à la maison, au travail, en les acceptant et en apprenant à les dépasser qu’un jour, peut-être, la Journée Internationale de la Femme, dédiée à la moitié des habitants de cette planète, n’aura plus lieu d’être.