Nous et les autres : ça fait mal !

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26/01/2013

Vous revoyez en boucle la dispute qui vous a opposé hier à votre conjoint, le conflit à l’heure du déjeuner avec votre collègue ou patron, l’affront ressenti lorsque vous n’avez pas été convié à une réunion traitant pourtant d’un de vos domaines de compétence.

Vous revivez mentalement la situation et cherchez les mots que vous auriez voulu trouver dans l'instant. Impossible de trouver le sommeil tellement vous êtes agités.

Les conflits sont des sources de stress importantes, ils usent notre résistance en déclenchant des réactions physiologiques de stress au moment où nous les vivons mais également en continuant souvent à nous parasiter à distance même lorsque l’événement est censé être terminé, comme lorsque nous continuons à repenser sans cesse à ce qui s’est produit.

Ces événements qui nous parasitent sont le plus souvent le résultat de conflits avec les autres. Nous passons la majorité de nos heures d’éveil en présence d’autres personnes. Les relations que nous avons avec eux, ceux qui nous entourent, ceux avec qui nous partageons notre vie, à la maison et au travail ont sur nous, c’est bien normal, un retentissement important. Nous sommes des animaux sociaux et nous avons besoin de ces contacts avec les autres. Mais plus que la quantité (notre nombre d’amis sur Facebook) c’est surtout la qualité de ces contacts qui fait leur importance. Nous pouvons vivre entourés de dizaines de personnes avec lesquelles nous n’échangeons jamais ou partager notre vie avec un conjoint, ou un collègue, avec lequel nous sommes en permanence au bord du conflit. Ces frictions répétées et chroniques nous épuisent, nous usent - mentalement et physiquement. Voir « Apprivoiser l’esprit, guérir le corps ».

Il n’est d’ailleurs pas besoin de conflit ouvert ou réel. Le simple sentiment d’exclusion nous affecte lui aussi. Avoir l’impression que nous ne faisons pas partie du groupe, que l’on se passe de nous ou qu’on nous néglige nous atteint au plus profond. 

L’importance du lien social est en effet de plus en plus reconnue comme un facteur central de notre santé mentale et physique. Comment les relations que nous avons avec les autres peuvent-elles agir sur notre santé physique ? Parce qu’être rejeté, se sentir exclu, ne pas être reconnu à sa juste valeur, apprécié ou encouragé nous fait mal.

Au sens propre comme au sens figuré.

« Je suis blessé, meurtri, j’ai le cœur brisé … On utilise pour exprimer la douleur psychique des termes qui qualifient la douleur physique. Cela n’a rien d’étonnant. On s’est récemment aperçu que la souffrance liée aux phénomènes sociaux était très proche de la douleur physique. Le cerveau humain, d’une grande sensibilité aux stimuli d’origine sociale, perçoit son environnement comme un environnement social, fait de menaces (rejet) ou récompenses (acceptation, compliment, regard ou mot gentil). Quand nous sommes blessés par les remarques désobligeantes d’un collègue nous ressentons donc une réelle douleur. Et de manière fascinante, cette douleur active les mêmes zones du cerveau que celles qui sont activées lors de la douleur physique.

Certains ont d’ailleurs tenté de traiter les douleurs liées au rejet et à l’exclusion sociale de la même façon que la douleur physique, avec un antidouleur tel que l’acétaminophène.

Étonnamment, d’après les premiers résultats il semblerait que ça marche.

Mais cela n’est bien évidemment qu’une solution limitée et très temporaire. Impossible d'éviter tous les conflits, mais dans nos relations aux autres, à la maison et au travail, nous pouvons  faire beaucoup pour limiter - pour nous-mêmes et pour ceux qui nous entourent - les frictions, rancoeurs, colères et autres émotions dont les répercussions négatives sur notre santé psychique et physique sont maintenant clairement établies.