Stress et infertilité, comment en parler ?

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28/10/2014

On connait bien désormais le rôle joué par le stress dans de nombreux problèmes de santé (1). Qu’en est-il dans l’infertilité ? Le stress, même s’il n’est pas la cause de l’infertilité, vient très fréquemment compliquer la vie des femmes qui ont des difficultés à commencer une grossesse. On sait notamment que le niveau de stress ressenti par les femmes souffrant de troubles de la fertilité est comparable à celui de personnes qui souffrent d’une maladie grave (2). Le fait de ne pouvoir débuter une grossesse lorsqu’on a décidé que c’était le bon partenaire, et le bon moment, est souvent pour une femme jeune l’occasion d’une première rencontre avec le système médical : consultations médicales répétées, tests diagnostics multiples et intrusifs, et confrontation finale à un diagnostic redouté. Pour ajouter à ce parcours du combattant et à la détresse déjà ressentie, lorsque le désir d’enfant se fait intense et que la grossesse se fait attendre, le monde paraît subitement peuplé de femmes enceintes et de couples avec bébés. De nombreuses études récentes (3) ont montré qu’il existait un lien entre le niveau de stress et la probabilité de commencer une grossesse, et cela que la femme soit traitée ou pas pour des troubles de la fertilité. Certains de ces travaux suggèrent qu’une prise en charge ciblée, utilisant des approches de type cognitivo-comportementales (4) et visant à diminuer le stress psychique et physiologique associé à l’infertilité, améliorerait la probabilité de grossesse. En effet, dans une situation comme la Fécondation In Vitro (FIV), dans laquelle le ressenti du couple est souvent celui de devoir laisser à l’équipe médicale le contrôle de leur fertilité, il peut être important d'apprendre à « lâcher prise » (5). Ces études associent la restructuration cognitive (que faire lorsqu’une pensée du type : « je n’aurai jamais d’enfant » vous vient à l’esprit ?), la relaxation ou méditation (par des approches qui ont un effet direct sur la physiologie) et le soutien social (qui permet de sortir de l’isolement induit, souvent auto-induit, par les troubles de la fertilité pour réaliser que d’autres femmes et couples souffrent aussi de ce type de problèmes). Ces approches permettent de réduite significativement la détresse et l’anxiété et améliorent la qualité de vie des femmes infertiles dans des périodes de vie extrêmement difficiles. Sachant de plus qu’elles peuvent augmenter la probabilité de survenue d’une grossesse, pourquoi ne pas les associer plus souvent à la prise en charge médicale, et cela en première intention? Références: 1 : Steptoe A, Kivimäki M. Stress and cardiovascular disease: an update on current knowledge. Annu Rev Public Health. 2013;34:337-54. doi: 10.1146/annurev-publhealth-031912-114452. Epub 2013 Jan 7. 2 : Boivin J, Griffiths E, Venetis CA. Emotional distress in infertile women and failure of assisted reproductive technologies: meta-analysis of prospective psychosocial studies. BMJ. 2011 Feb 23;342:d223. doi: 10.1136/bmj.d223. 3: Lynch CD, Sundaram R, Maisog JM, Sweeney AM, Buck Louis GM. Preconception stress increases the risk of infertility: results from a couple-based prospective cohort study--the LIFE study. Hum Reprod. 2014 May;29(5):1067-75. doi: 10.1093/humrep/deu032. Epub 2014 Mar 23. 4 : Domar AD, Rooney KL, Wiegand B, Orav EJ, Alper MM, Berger BM, Nikolovski J. Impact of a group mind/body intervention on pregnancy rates in IVF patients. Fertil Steril. 2011 Jun;95(7):2269-73. doi: 10.1016/j.fertnstert.2011.03.046. Epub 2011 Apr 15. 5 : Rapoport-Hubschman N, Gidron Y, Reicher-Atir R, Sapir O, Fisch B. "Letting go" coping is associated with successful IVF treatment outcome. Fertil Steril. 2009Oct;92(4):1384-8. doi: 10.1016/j.fertnstert.2008.08.012. Epub 2008 Oct 18.